Une fois encore visiter cette demeure riche de souvenirs et comme toujours habitée de la voix cassée de François Mauriac.
Soleil, toujours. Ici, il caresse une gravure, là une assiette en faïence. Et sur la commode, dans le coin du salon, il laisse dans la pénombre une carafe et son verre d'opaline.
Soleil, toujours. Ici, il caresse une gravure, là une assiette en faïence. Et sur la commode, dans le coin du salon, il laisse dans la pénombre une carafe et son verre d'opaline. Je ne sais ce que j'aime le plus dans cet enfilade de pièces : la sobriété pleine de dignité, les meubles chargés d'histoire ou la voix de la personne guidant les visites avec toujours autant d'intelligence de coeur et de connaissance pénétrante de l'oeuvre de Mauriac.
Un mélange des trois assurément.
"Ce Malagar où j'écris ceci, resserré entre ses murs décrépits et ses chais qui ne s'écroulent pas, bien que a mère, dans mon enfance, les ait cru à la veille de s'effondrer, cette pauvre maison déguisée en manoir, je ne l'ai pas choisie, je l'ai reçue en héritage et l'ai ornée d'objets hérités eux aussi pour la plupart. (...) C'est si peu nous qui faisons notre vie... Je ne me le redis pas comme une excuse, me sentant responsable de la mienne : elle aura été ce que je voulais qu'elle fût et je suis à jamais ce qu'elle a été. Mais je me le redis comme une assurance contre une réprobation sans recours. Il y aura toujours eu une grâce à notre portée et qui aura été à la mesure de cette tentation ininterrompue liée, tant que la créature déborde de forces, à la part animale de son être.
Telle est cette Grâce que, même vaincue, elle agit encore, se sert de sa défaite même, - de sorte que ce n'est pas seulement par notre souffrance que nous sommes conformes à la croix, mais à cause de nos péchés, de nos rechutes et de cette obscure et interminable défaite à quoi se ramène tout destin."
Telle est cette Grâce que, même vaincue, elle agit encore, se sert de sa défaite même, - de sorte que ce n'est pas seulement par notre souffrance que nous sommes conformes à la croix, mais à cause de nos péchés, de nos rechutes et de cette obscure et interminable défaite à quoi se ramène tout destin."François Mauriac in "Nouveaux Mémoires Intérieurs" Epilogue.
Et maintenant que la vieille maison est endormie, il ne reste qu'un pieux souvenir afin de la tenir vivante parmi les ombres de la nuit.
Belle nuit !

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