mardi 2 juin 2009

Ghost busters...


Je ne sais si c'est parce que je suis entrain de lire le Seigneur des Anneaux mais hier, j'ai fait une petite virée dans le quartier de la cathédrale à Limoges. 
Arrêt particulier devant les gargouilles de la cathédrale aux têtes de Nazgûl, Orques et autres chimères au visage grimaçant. 
C'est fou ce qu'un zoom peut révéler de la laideur de ces créatures ailées sensées représenter le péché sous toutes ses formes (justement rejeté hors du sanctuaire) bonnes à vomir les eaux d'écoulement. Figures humaines (si l'on peut dire), oiseaux à tendance dragon, chimères affamées. Il me serait assez 
désagréable de tomber sur l'une d'entre elles dans une rue mal éclairée..!
Une légende apocryphe explique l'origine des gargouilles ; un dragon pourvu d'un long cou de serpent, d'un petit museau, de sourcils broussailleux et d'ailes nervurées, vivait dans une caverne près de la Seine, et se livrait à des activités répréhensibles : il avalait les navires (très indigestes !), calcinait tout de son souffle brûlant et  crachait tant d'eau qu'il provoquait des inondations. 
Les habitants de la ville voisines de Rouen, dans l'espoir de se concilier ses bonnes grâces, lui sacrifiaient chaque année une victime vivante. La Gargouille préférait les vierges, mais se contentait le plus souvent du criminel qu'on lui donnait en pâture.
En 520, ou peut être vers 600, le prêtre Romain arriva à Rouen et promis de se débarrasser  du dragon si les habitants acceptaient de se faire baptiser et érigeaient une église.  Muni du sempiternel criminel et des éléments rituels de l'exorcisme, Romain eut raison du dragon en faisant le signe de la croix, et ramena le monstre dompté au bout d'une laisse confectionnée dans son habit de prêtre.
La Gargouille fut dûment mise au bûcher, mais sa tête et son cou, endurcis par son souffle de feu, ne brûlaient pas, et furent exposés sur les remparts de la ville, devenant le modèle des futures gargouilles.
Et hop !

En 1125, St Bernard de Clairvaux disait ce qu'il pensait des ornements figuratifs dans les églises : "Mais dans les cloîtres, en présence de moines, dont l'étude est une occupation, que font, je vous prie, tous ces monstres ridicules et ces beautés difformes et ces belles déformités si admirées ? Pourquoi ces dégoûtantes images de singes, ces féroces lions, ces centaures monstrueux, ces personnages qui n'ont que la moitié du corps humain, ces tigres tachetés, ces soldats qui se battent, ces chasseurs qui sonnent de la trompe ? Ici vous voyez une seule tête sur plusieurs corps, à côté d'un seul corps pour plusieurs têtes, là c'est un quadrupède terminé par une queue de serpent, ou un poisson qui se pare d'une tête de quadrupède ; là encore, une bête monte un cheval dont la croupe est celle d'une chèvre ; plus loin, voilà qu'un animal armé de cornes n'est plus qu'un cheval par la croupe."

Etant donné le mépris qu'éprouvait St Bernard pour ces êtres grotesques du cloître nuisant à la prière, il est fort peu probable qu'il les ait acceptés, même sur le toit. 
Alors que le public se presse pour voir des films grouillant de monstres de tous poils, de vampires sanguinaires et de grosses bêtes dont la seule et unique occupation consiste à dévorer tout ce qui passe dans le moins de temps possible, il suffit de lever les yeux vers les clochers et arcs boutants des cathédrales afin de les découvrir - heureusement figés dans la pierre. 
Les gargouilles de la cathédrale de Limoges (toutes les photos les représentent) offrent un large panorama de cela et témoignent de l'imaginaire particulièrement prolixe de nos prédécesseurs. 
Un p'tit tour de cathédrale ?
Belle journée !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et maintenant, les seuls trucs qui gargouillent dans les églises sont les estomacs affamés des paroissiens affaiblis par le jeûne.