lundi 17 décembre 2007

Aimer Mauriac 2

Evoquer Mauriac, c'est bien évidemment encore entendre sa voix cassée dont il savait si bien user.
C'est aussi entendre, en creux, ses paroles de prophète, ses phrases prenant à rebours les biens pensants et les fabricants d'idées creuses et préemballées.
Elle vient de loin cette voix, elle s'est nourri dans la pénombre lumineuse de la basilique de Verdelais, à la source de la Miséricorde et de l'amour de Dieu, d'un Dieu qu'il n'a jamais cessé de chercher et d'aimer.
La figure du Christ est omniprésente et son oeuvre devient le théâtre du dialogue entre la Grâce et le péché."Ce que nous appelons une belle âme, ne l'est devenu qu'au prix d'une lutte contre elle-même, et jusqu'à la fin elle ne doit pas cesser de combattre. […] Si le romancier a une raison d'être au monde, c'est justement de mettre à jour, chez les êtres les plus nobles et les plus hauts, ce qui résiste à Dieu, ce qui se cache de mauvais, ce qui se dissimule ; et c'est d'éclairer, chez les êtres qui nous paraissent déchus, la secrète source de pureté." (Dieu et Mammon - Le Capitole)
C'est ce qui fera dire que chez Mauriac, il y a pas un seul personnage qui ne puisse être sauvé. C'est donc une lecture de l'existence humaine pleine d'espérance à laquelle nous introduit et nous convie le Maître de Malagar. Malgré les déchirements que l'on peut percevoir au fil des pages - déchirement qui se retrouve par moment dans le regard de l'écrivain - c'est avant tout sur les germes de salut que porte l'attention du romancier. "Ecrire, c'est se livrer, notait - il. Cette vision qui m'est proche du monde et des êtres, je ne veux pas mourir sans qu'il en demeure après moi l'expression écrite, arrêtée, fixée dans l'esprit de quelques uns, du plus grand nombre possible. Je veux les atteindre les toucher." Et c'est justement ce qu'il choisi de faire - et qu'il réussit - en professant "Je crois en Celui que j'aime".
Christ toujours présent dans une amitié, un chagrin...

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