vendredi 15 février 2008

Chroniques de la mouette chauve 3.

Sur les hauteurs de la falaise, la porte de la vieille chapelle est ouverte face au vent du large.
Inspirée, la mouette chauve entre, trotte menue et marche sur le granit rugueux. Elle aime les veilles pierres, les statues polychromes, le calme des lieux, la douce pénombre…
Elle ferme à demi les yeux, elle se sent bien loin des vagues et des bourrasques car vous ne la savez peut-être pas mais, dès fois, « c’est chiant d’être une mouette ! » comme le chante Bénabar.
En continuant d’avancer, elle remarque une lumière aux contours indéfinis et pleine de couleurs. Le soleil d’hiver passe au travers d’un vitrail. C’est bien connu, c’est la nuit qu’il faut croire à la lumière ! La mouette chauve, en voyant d’où vient cette source colorée, a comme une révélation.
Longtemps, elle a essayé de mettre des mots sur ce qu’elle éprouvait au plus profond d’elle même et là avec ce vitrail tout simple, elle se dit que la vie, c’est comme un vitrail traversé de lumière ; elle se dit que la vie avec le Christ c’est une verrière mise en valeur par le soleil.
La verrière n'est faite que pour faire chanter la lumière.
 Contempler un vitrail, c'est contempler la lumière de Dieu, l'amour de Dieu qui se réfracte dans le bleu de la douceur, le vert de la paix, le rouge sang des larmes et de la persécution, les ors de la justice.
Elle se souvient la mouette du texte des Béatitudes (Mt 5). Ces huit Béatitudes sont huit façons de manifester l'amour qui a sa source en Dieu.

En regardant encore ce vitrail, la mouette y discerne un visage, c'est le visage de Jésus. Elle se dit qu’elle a bien fait d’entrer dans la chapelle, que cette lumière, c’est comme un clin d’œil.
Elle voit en fait le vitrail de sa vie avec le portrait du Christ. Notre mouette, elle n’avait jamais vraiment réfléchi à la sainteté. Elle se voit plutôt comme une rescapée, elle s’envisage de « ceux qui ont fait naufrage, des laissés-pour-compte.
Ceux qui traînent une hérédité lourde, une éducation ratée. Alors se dit - elle, les accidentés de la vie, les accidentés de la morale, les accidentés de l'amour peuvent aussi devenir saints ?
Oui… c'est le message inouï qu’elle perçoit dans le vitrail.
C'est avec ces gens-là aussi que Dieu veut faire des saints.
C'est avec des gens imparfaits que Dieu veut faire les saints.
Le Christ est venu « sauver ceux qui étaient perdus ».
On en fait des découverte en bout de falaise… Elle aurait dû venir plus tôt !
Proverbe du jour : mouette sanctifiée, tempête apaisée !
Belle journée !

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