Dimanche, la lecture de l’Évangile s’est arrêtée au verset 21 du chapitre quatorze de Saint Jean.
Et qu’a-t-il de spécial ce verset vingt-huit ? Eh bien, le Christ y emploie la même formule qu’au vingt et un, à un iota près. C’est peu de choses un iota, c’est un « i » minuscule, mais celui du vingt-huit pèse son poids.
Il ne vous a pas échappé que dimanche, le Christ disait à ses disciples, c’est-à-dire à nous : « Si vous m’aimez ! » Formule pleine de promesses, à la manière d’une mère disant à son enfant « Si tu ranges ta chambre tu pourras vider le lave-vaisselle et mettre le couvert. Et, ensuite, si tu termines la tarte à la rhubarbe, tu pourras goûter un repos mérité. »
Si nous T’aimons, Seigneur, nous savons bien que Tu mettras le couvert pour nous au festin éternel où nulle rhubarbe ne menace. Donc ce « si vous m’aimez » est prometteur.
Mais, Jésus nous connaît si bien, que sept versets plus loin, il glisse un iota dans la phrase. Et ça devient : « Si vous m’aimiez… »
Ainsi donc, Seigneur, Tu savais ?... Tu sentais bien que même ceux qui Te suivaient dans la poussière de Galilée, et devant qui tu as accompli tant de signes et prononcé de si belles paroles, ne t’aimaient pas. Enfin, pas vraiment, pas assez, pas comme Tu aimes.

Et nous qui cheminons pépèrement sur le macadam du vingt et unième siècle, en nous demandant non pas si le Messie va venir mais quelle chaîne diffuse la finale de la Coupe, si nous T’aimions… Qui serions-nous devenus, qu’est-ce qui resterait autour de nous des objets que nous avons acquis ? Même les plus vieilles dames se sentent des âmes de jeune homme riche en entendant cette hypothèse. Si nous T’aimions, nous aurions renoncé à tout ce qui encombre, tout ce qui supporte la TVA, tout ce qui remplit les garde-meubles quand on s’en va et finit par faire les choux gras des débarrasseurs. Ah ! nous avons bien essayé, avec nos pauvres moyens, de Te suivre, de T’imiter même. Mais avec le sentiment d’être des schtroumpfs engoncés dans un vêtement de géant. Nous avons été des acariens pour nos contemporains, alors que Tu nous demandais d’être des incendies.
Et nos amours terrestres auxquels nous avons tant consacré d’énergie, nous auront-ils rendus capables d’approcher de Ta façon d’aimer ? Et ce que nous aurons perçu de l’amour que les autres avaient pour nous, toujours insuffisant, toujours inadéquat, jamais proportionné à ce que nous pensions mériter, à ce que nous avions consenti, offert, sacrifié….

Si nous T’aimions, disais-Tu, nous nous réjouirions de savoir que Tu retournes vers le Père. Là où on T’aime comme Tu le mérites, là où Tu aimes avec la certitude que l’intensité de Ton amour est perçue.
Si nous T’aimions, Seigneur, ça se saurait, ça se verrait ; si nous T’aimions vraiment, complètement, définitivement. Nous y parviendrons peut-être, avec Ton aide. En attendant, considères les rares escarbilles que nous envoyons comme les prémices du brasier que Tu nous invites à propager sur cette terre.
Etienne Derval
Belle journée !
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