dimanche 11 mai 2008

Aimer...

Qui nous parlera de fraternité ? Qui osera un jour la vivre avec toutes les implications que cela comporte ?
Qui pourra un jour embrasser la réalité humaine dans toutes ses dimensions sans détourner son regard, sans que le dégoût lui emplisse la bouche, sans que l'illusion l'aveugle ?
Aimer. La seule chose nécessaire. La seule qui vaille la peine. La seule qui prolonge le regard. La seule qui donne vie.
Aimer. Le seul moyen qui permette de traverser la souffrance et l'épreuve. Le seul qui permette de surmonter la facilité apparente (qu'elle soit désirée ou non). Le seul qui ait en son coeur la clef ultime de toute énigme.
Que celui qui me dise que ce ne sont que des paroles garde le silence, il ne saurait pas ce qu'il dit (cela vous rappelle quelque chose n'est ce pas ? C'était sur la croix...).
Il me revient en cette fin de journée la belle parole d'Edith Stein (en religion Thérèse Bénédicte de la Croix), si vraie, si simple. Je me la redis souvent lorsque le courage baisse ou lorsque la jauge est haute. Elle m'aide, cette parole, à prendre un juste recul et à lancer mes pauvres forces dans ce qu'il y a à vivre sans retenir jalousement ce qui semble m'appartenir : "Ce que peuvent prendre les hommes, lâche le. Ouvre les mains et serre la croix : elle t'emporte ensuite dans la lumière éternelle."
Et cette autre parole, pas si éloignée à dire vrai, tirée de l'espoir d'André Malraux :
"Il buta sur une autre pierre : la place était couverte de pavés comme par un bombardement. Sa voix changea.
- Je sais bien que nos catholiques sérieux pensent qu’il faut mettre tout ça au point ! Le Fils de Dieu est venu sur terre afin de parler pour ne rien dire. La souffrance lui a un peu fait perdre la raison ; depuis le temps qu’il est sur la croix, n’est-ce pas...
“Dieu seul connaît les épreuves qu’il imposera au sacerdoce ; mais je crois qu’il faut que le sacerdoce redevienne difficile...”
Et, après une seconde :
- Comme peut-être la vie de chaque chrétien..."

Restons en là pour ce soir...
Belle nuit dans la paix !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui aimer est bien l'essentiel. Edith Stein dit de bien belles choses mais elle ne prend pas la dimension de l'autre celui qui est juste avant le recul, celui qui n'est pas retenu, auquel on ne dit rien. qui se préocuppe de sa souffrance? qui parlelera de fraternité?

BL a dit…

Bonjour et merci pour ce commentaire !
L'argument était envisagé uniquement du point de vue de la personne souffrante (il se voulait donc un modeste éclairage et une éventuelle piste pour traverser le moment). Et la parole de Ste Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein) enracinait cela sur la Croix du Sauveur.
Je serai heureux de poursuivre l'échange si vous voulez laisser sur ce blog un écho à cela...

Anonyme a dit…

La personne souffrante peut-elle faire l'économie des racines de sa douleur? Oui bien sûr elle peut faire acte de Foi, lâcher prise dans la miséricorde et l'amour de Dieu mais la douleur ne vient pas comme l'air du temps! elle est née peut-être avec un sourire a pû grandir dans le plaisir de la parole échangée avant de montrer sa puissance qui peut laisser sans forces.Qui aimerait sans qu'un autre ou d'autres êtres humains ne soient sujets de son amour?
La croix du Christ certes.Merci pour votre précision.

BL a dit…

Je vous répondrais simplement en disant que non la personne souffrante ne peut pas faire abstraction de sa souffrance. "Pars de là où tu es, disait St François de Sales, sinon tu risques de n'aller nulle part". La foi n'est pas une fuite du réel mais un enracinement double dans la condition humaine et au coeur de la vocation à l'appel à la sainteté que chaque baptisé reçoit.
Bonne continuation.