lundi 12 mai 2008

Traverser...

Je commence ce jour la lecture de "Méditation sur l'Eglise catholique en France : libre et présente" de Mgr Dagens. Cet ouvrage est traversé du témoignage de cet évêque et par un livre quasiment homonyme du RP Henri de Lubac "Méditation sur l'Eglise". Je vous livre, en apéritif un passage du chef d'oeuvre du Père de Lubac cité par l'évêque d'Angoulème. C'est étonnant comme ces mots que j'ai déjà lu à plusieures reprises, prennent à chaque fois plus de relief et de consistance...
"Partout où des hommes se trouvent réunis, il est fatal que, tout en s'aidant, ils se fassent mutuellement souffrir. Combien plus, lorsqu'ils sont liés entre eux d'un lien si pénétrant ! Toutes les formes de la malice humaine, celles qui se connaissent et celles qui s'ignorent, en prennent un caractère d'autant plus odieux. La calomnie trouve dans certains milieux d'Eglise un terrain particulièrement propice, et quand une fois elle y a pris racine, elle s'y nourrit non seulement du pire, mais du meilleur. Elle y prolifère comme ailleurs, et comme ailleurs elle y est presque toujours insaisissable. Même un sincère et mutuel désir du bien, du même bien, n'empêche pas les heurts tragiques : il arrive qu'il les provoque, ainsi qu'on le voit dans la vie des saints. Et quelles étranges et profondes blessures deviennent possibles, sans analogue dans l'expérience purement humaine, lorsque, dans cette association d'un caractère unique, les uns ont la faculté redoutable d'atteindre les autres jusqu'à cette jointure intime où se fait le partage de l'âme et de l'esprit ! Lorsqu'il existe même une sorte de pouvoir si fort et si pénétrant qu'il ne suffit absolument pas de le subir, même avec patience, mais qu'il faut consentir de sa part, et consentir volontiers, à ce qui serait, de la part de toute autre puissance, un viol ! Car c'est justement là que dans son exercice le plus commun, va l'obéissance catholique.
Loin d'être une exception déroutante, pareille souffrance est normale. En temps ordinaire, sans revêtir toujours des formes aiguës, elle est sans doute plus fréquente - j'entends toujours pour le chrétiens soucieux d'une vraie vie d'Eglise - que celles qui viennent des hommes du dehors."

Le Père de Lubac dit par la suite que cette souffrance peut aussi générer de la joie puisqu'elle nous prépare au temps de la visite de Dieu. Tout la question est donc : que fait - on des événements qui adviennent dans notre vie ? et de la confiance qu'on injecte au quotidien.
Belle journée !

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