Grisaille et temps qui passe...

Un temps à rester sous la couette ou au moins au coin du feu comme un Raminagrobis frappé par l'âge.

Un temps à boire du thé, à feuilleter des livres, à rêver.

Un temps à regarder le temps passer...

Le temps passe vite, et la trotteuse semble galoper pour qui se sait en retard ; le temps ne passe plus, et la trotteuse semble aller au pas pour qui attend le train qui ne vient pas…

Et pour qui écoute un nocturne de Chopin, il semble se suspendre aux notes tandis qu'avec Rossini, il galope.

"Que chacun examine ses pensées, il les trouvera presque toutes occupées au passé et à l’avenir. Nous ne pensons presque point au présent (...). Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais" disait Blaise Pascal.

Et ce que nous murmure ici Pascal, c’est que le temps nous blesse, et de bien des manières : le passé heureux nous blesse parce qu’il est passé, le passé malheureux nous blesse parce qu’il ne passe pas ; le présent heureux nous blesse de passer déjà, le présent malheureux nous blesse de durer autant ; et l’avenir heureux nous blesse d’être encore à venir, l’avenir malheureux nous blesse de venir déjà…

Bref, c'est le désastre. Notre rapport au temps est faussé. Un des grands défis de l'existence en général et de la vie spirituelle en particulier est de vivre le moment présent. Sinon, nous sommes dans l'illusion, l'erreur, l'abstraction. Nous ne sommes jamais avec. Déjà partis ou pas encore arrivés.

« Avoir la foi, c’est espérer plus souvent qu’on ne doute » affirmait St Augustin. L'espérance véritable s'enracine dans le présent où l'on peut déjà appréhender la réalité que l'on aspire à saisir. Le doute est lui, soupçon sur ce qui est actuel, présent, déjà donné. 

Je vous laisse sur la réflexion.

Suite au prochain épisode...

Belle journée !