mardi 24 mars 2009

Les propos de Benoît XVI sur le SIDA, sans déformation...

Le pape Benoît XVI a demandé les soins gratuits pour les malades du sida dès son arrivée à l'aéroport de Yaoundé au Cameroun, mardi après midi. Un appel qui a reçu très peu d'écho. Il appelle les Africains à la responsabilité dans la lutte contre le sida. Le pape fait également allusion à l'engagement de l'Eglise auprès des malades : quelque 25 % des structures qui les accueillent sont catholiques. Il cite l'engagement de la communauté de Sant'Egidio - une allusion au projet «DREAM», sigle anglais pour «Amélioration des ressources en médicaments pour lutter contre le Sida et la malnutrition» par exemple au Malawi - et des religieux de Saint-Camille de Lellis, ou des religieuses (les Missionnaires de la Charité par exemple).
Les médias ont passé sous silence ce passage de sa conférence de presse dans l'avion de Rome à Yaoundé. Mais ce que la presse a retenu, ce sont des propos prêtés au pape. Voici donc le texte intégral de la déclaration dans son contexte (infos issues de ZENIT.org) :

Question : Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l'Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du sida. La position de l'Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n'étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ?

Benoît XVI : Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l'Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Sant'Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, aux Camilliens, à toutes les religieuses qui sont à la disposition des malades... Je dirais qu'on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n'y met pas l'âme, si on n'aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l'un avec l'autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l'homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l'égard de son propre corps et de celui de l'autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d'épreuve. Il me semble que c'est la juste réponse, et c'est ce que fait l'Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font.

Commentaire personnel du blog "http://textala.over-blog.com/" :
Chose rare sur ce blog, je me permets un commentaire qui relève de la logique, avant même de parler de morale :
Des pays très pauvres d'Asie ou d'Amérique latine ont un taux de diffusion du préservatif comparable à celui en Afrique. La différence entre ces pays et l'Afrique - où le SIDA est tellement plus répandu -, n'est donc pas liée à la faible diffusion du préservatif qui leur est commune, mais à la différence de comportement affectif et sexuel entre ces continents.
Certes, dans un raisonnement à court terme, le préservatif peut être nécessaire, et même obligatoire pour qui ne serait pas capable de vivre une sexualité ordonnée à l'amour, c'est à dire fidèle à un seul partenaire. Et c'est ce que l'Eglise a déjà dit, y compris officiellement : je l'ai notamment entendu de la voix du cardinal Lustiger sur un JT, et plus récemment de Mgr Di Falco.
A l'inverse, la promotion du préservatif comme remède au fléau du SIDA a pour effet de cautionner des moeurs qui sont justement la cause du problème, ou de les considérer comme un état de fait irréformable. La promotion du préservatif comme moyen n°1 de lutte contre le SIDA, combine ainsi une immoralité fondamentale ("vous pouvez continuer à vagabonder, du moment que vous avez un préservatif") et un désespoir flirtant avec le racisme ("ils ne changeront jamais de moeurs"), qui ont donc pour conséquence d' "augmenter le problème", comme le dit Benoît XVI.
Or, justement, un des rares pays où l'épidémie VIH a régressé au début des années 2000 est l'Ouganda, dont le message du gouvernement (oui du gouvernement, pas seulement de l'Eglise locale) était la chasteté et la fidélité pour enrayer l'épidémie. Et cela à marché.  
Osons le dire, contre tous ceux qui hurlent aujourd'hui avec les loups : par le poids de ses oeuvres caritatives dans le domaine de la lutte contre le VIH, par la pertinence de ses réflexions sur les causes et les remèdes, l'Eglise catholique est le plus responsable des acteurs de la lutte contre le SIDA. Il apparaît hélas que le rôle prophétique qu'elle endosse avec courage sur cette question, implique pour elle d'être seule à défendre la vérité.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce texte est bienvenu.
Mieux vaut rassurer le troupeau
que de s'essayer à convertir les loups.
Quel homme politique qui critique B16 a passé
autant de temps que lui en Afrique, quel mouvement agité en France fait autant que l'Église pour les malades du sida en Afrique et ailleurs?
Confiance, paix, unité.

Anonyme a dit…

Ces sujets dépassent tous les Hommes autant qu'ils soient car trop de paramètres entrent en compte donc je ne me permettrai pas d'émettre de jugement. En revanche je trouve ce billet très bien car il remet les choses à leurs places... trop de bêtises sont dites sur le sujet et il est bon de faire circuler l'information plutôt que de se vautrer dans la désinformation.
Enfin il faut rester prudent sur le sujet de l'Ouganda je viens de sortir les chiffres de l'OMS et ils sont un peu moins optimistes.
Amour et Liberté