samedi 11 février 2012

Chercher, trouver...


Dans le Traité sur la Trinité de saint Augustin

Ce Dieu que nous cherchons viendra lui-même à notre aide, je l’espère,
         pour nous faire tirer quelque fruit de notre labeur,
         et nous faire comprendre ce verset du Psaume :
                  Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu ;
                  cherchez le Seigneur et vous serez forts ; cherchez son visage toujours. 
S’il faut le chercher toujours, c’est semble-t-il, qu’on ne le trouve jamais ;
         mais alors, quelle joie y a-t-il pour le cœur de ceux qui le cherchent ?
Ne devraient-ils pas plutôt s’attrister de ne pouvoir trouver ce qu’ils cherchent ?
Car le Psalmiste ne dit pas : Joie pour le cœur de ceux qui trouvent,
         mais Joie pour le cœur de ceux qui cherchent le Seigneur.
Et pourtant, le Prophète Isaïe l’affirme,
         on peut, si on le cherche, trouver le Seigneur :
                   Cherchez le Seigneur, et dès que vous l’aurez trouvé, invoquez-le ;
                  quand il sera près de vous,
                  que l’impie abandonne ses voies, et le méchant ses pensées.
 
Si nous pouvons trouver Dieu après l’avoir cherché,
         pourquoi le Psaume dit-il Cherchez son visage toujours ?
Une fois trouvé, faudra-t-il encore le chercher ?
Oui, c’est ainsi qu’il faut rechercher ce qui dépasse notre compréhension,
         et surtout ne pas s’imaginer qu’on n’a rien trouvé,
         quand on a su découvrir combien est incompréhensible ce qu’on cherchait.
Mais alors, pourquoi chercher ainsi,
         quand on comprend à quel point ce que l’on cherche est incompréhensible ?
         sinon parce qu’il ne faut pas s’arrêter tant qu’on progresse
                  dans cette recherche elle-même de l’incompréhensible,
         et qu’on devient de jour en jour meilleur par cette quête d’un bien si grand,
         qu’on le cherche pour le trouver, et qu’on le trouve pour le chercher.
Car on le cherche pour avoir plus de douceur à le trouver,
         et on le trouve pour avoir plus d’ardeur à le chercher.
C’est en ce sens qu’on peut comprendre
         ce que le livre de l’Ecclésiastique fait dire à la Sagesse :
         Ceux qui me mangent auront encore faim
                  et ceux qui me boivent auront encore soif.

Ils mangent et boivent parce qu’ils trouvent,
         mais parce qu’ils ont faim et soif, ils cherchent encore.


St Augustin, De Trinitate XV, II, 2.

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