jeudi 5 mars 2015

Trois pistes pour la prière en carême

La liturgie de ces jours nous offre maintes occasions de relire notre vie et d’y discerner la trace de la présence du Seigneur.
Ainsi, durant la première semaine de ce temps du carême, nous avons pu entendre la prière du Notre Père donnée par le Christ à ses disciples (mardi). Le jeudi, c’est quelques pistes qui nous sont données à la fois pour approfondir et enraciner notre prière, mais aussi pour lui donner plus de force. 
La reine Esther est en proie à l’angoisse (Es 14, 1. 3-5. 12-14). La mort s’approche d’elle, et la fin semble inévitable. Elle se tourne vers le Seigneur et dans une prière à la force impressionnante, elle crie : « Délivre-nous par ta main, viens me secourir car je suis seule, et je n’ai que toi Seigneur, toi qui connais tout ». C’est court, direct, précis. 
Nous sommes invités à laisser résonner cette courte prière dans nos cœurs et la mettre en lien avec notre expérience. C’est si souvent que nous sommes confrontés à l’adversité, à l’inquiétude, à l’angoisse même. Ces sentiments nous laissent désemparés. C’est si souvent aussi que nous faisons l’expérience que la peine trop grande ou la joie trop forte nous isolent tant ces expériences sont singulières et sont difficilement accessibles pour ceux qui nous sont proches. « Viens me secourir car je suis seule ». En quelques mots, Esther dit tout. 

Et c’est la première piste que je livre.

1 - Il n’y a pas de développement dans la prière de la reine Esther. Elle va droit au but et ne s’encombre pas de formules, elle exprime ce qui habite son cœur, directement, sans feintise comme disait Ste Thérèse d’Avila. Il y a là une invitation qui nous est faite pour laisser remonter dans notre prière ce qui est éprouvé avec concision et sans s’encombrer de phrases superflues. Souvent notre prière est bien verbeuse, nous parlons « jusqu’à ce que nous ayons quelque chose à dire ». Et cela peut être long ! Esther nous invite à la franchise, au parler vrai, à nous présenter tel que nous sommes devant le Seigneur qui connait le secret de nos cœurs. 

L’évangile de ce même jeudi (Mt 7, 7-12) rapportait un enseignement du Christ à ses disciples : « Demandez et vous obtiendrez ; cherchez et vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte ». 

Deuxième piste.

2 - Souvent là aussi, nous avons des idées un peu préconçue sur la prière : elle doit être exaucée tout de suite et sous la forme demandée. Et si cela n’arrive pas, nous nous désolons – pour le dire d’une manière douce – et nous affirmons : ma prière n’est pas exaucée, Dieu m’abandonne et me laisse seul. En voilà une conclusion hâtive ! N’y aurait-il rien qui viendrait contredire ces paroles définitives ? Dieu exauce toujours les prières sincères qui lui sont adressées mais pas forcément de la manière qui était attendue. Nous avons donc à faire un effort de relecture : quels sont les fruits de ma prière ? Car il y en a ! N’en doutons pas ! « Lequel d’entre vous donnerait une pierre à son fils qui lui demande du pain ? » Nous savons, dans la foi que Dieu donne largement, plus que nous n’oserions demander, qu’il ne laisse jamais un cri sans réponse. Alors scrutons notre expérience de priant pour y découvrir l’amour et la miséricorde de Dieu en actes au cœur de notre vie.

Troisième piste.

3 – « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites le aussi pour eux, vous aussi, voilà ce que dit toute l’Ecriture : la Loi et les Prophètes ». Trop souvent nous isolons notre prière, nous la réduisons à un colloque privé entre Dieu et nous. Les autres sont absents, ou alors leur présence est allusive. Le Christ exprime d’une manière forte à ses disciples qu’il doit en être autrement. La solidarité entre croyants n’est pas qu’un mot pour faire joli dans nos prières universelles : elle doit se concrétiser par des actes, et le premier d’entre eux, c’est la prière. Nous sommes donc invités à prier avec les autres, pour les autres et par les autres. Le mouvement de la prière est un mouvement de communion. La prière des autres nous porte, elle nous aide à grandir et à avancer. Dans l’autre sens, notre prière a une résonnance que nous ne maitrisons pas. Elle porte un fruit que nous ne pouvons spontanément soupçonner. 

Donc, pour résumer : parler direct, relire les fruits de sa prière et les nommer, prier en communion. Trois pistes que nous livre l’Ecriture que nous avons à rendre vivante dans notre expérience croyante, vivante et parlante pour ceux qui nous entourent. 

Bon carême ! 



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Beau chemin de carême bien balisé
P.D.C

Anonyme a dit…

Merci