samedi 8 mars 2008

Il Gattopardo

Voici pour le plaisir de la musique, l'incipit du Guépard, le flamboyant roman du prince Giuseppe Tomasi di Lampedusa. En espérant que cela vous donne envie de lire la suite...

"Nunc et in hora mortis nostrae. Amen. Le rosaire quotidien s'achevait. Pendant une demi-heure, la voix paisible du prince avait rappelé les Mystères glorieux et douloureux ; pendant une demi-heure, d'autres voix mêlées avaient tissé un bruissement ondoyant où s'épanouissaient les fleurs d'or de mots insolites : amour, virginité, mort. 
Le salon rococo semblait avoir changé d'aspect ; les perroquets eux-mêmes qui déployaient leurs ailes irisées sur la soie des tentures, paraissaient intimidés ; quant à la Madeleine, entre les deux fenêtres, elle prenait des airs de pénitente ; ce n'était plus la belle blonde opulente qu'on voyait d'habitude, perdue dans Dieu sait quelles rêveries.

La voix se tue, tout rentra dans l'ordre, dans le désordre habituel. Les serviteurs quittèrent la pièce ; le dogue Bendico, tout navré de sa longue exclusion, entra par la même porte et frétilla. Les femmes se levaient lentement, et le reflux oscillant de leurs jupes découvrait peu à peu les nudités mythologiques tracées sur le fond laiteux du carrelage. Seule une Andromède, cachée sous la soutane du père Pirrone, attardé en oraisons supplémentaires, resta un long moment privée du Persée d'argent qui, survolant les flots, se hâtait vers sa délivrance et son baiser."

Je vous conseille aussi vivement d'en regarder au plus vite l'adaptation cinématographique par Visconti avec Burt Lancaster et Claudia Cardinale. Tout aussi incontournable !
Belle journée !

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