En ce jour solennel et festif, voici le texte d'une amie qui écrit comme chante le pinson...
"Maman louait le soir dans le bruit tiède de poiriers, mais je prenais encore le linge qui sèche pour des étendards, des taffetas, des symboles multicolores, responsables d’îles abstraites, adolescentes, dont je n’imaginais même pas les pourtours pauvres et sauvages.
Je n’aimais pas encore son corps comme à présent ; son dos comme un voilier désormais sur la terre, sa masse si bonne, irremplaçable d’amour, rappelant le nom des framboisiers à l’heure où la nuit les fait bleu marine.
Maman aura trimbalé tous les crépuscules d’été au bout d’un petit arrosoir vert passé, accordant à chaque pousse sa parole confiante, sa part d’au-delà violette et ramassée sur le ciel.
Elle touchait un peu aux couleurs, aux origines, estimant avec précision chaque beauté, qu’elle ignorait alors aérer, distribuer, saupoudrant le soir d’essences florales et tendres d’un geste d’épousée.
Elle rassemblait les trésors de cette vie : sarcloir, épingles à linge, gobelet ; elle lissait sa jupe avant de saluer quelqu’un, là-bas, dans l’ultime outremer que prendraient bientôt les acacias ; puis s’en allait à l’intérieur.
Maintenant je la vois souvent parmi toutes sortes de nuances diurnes, elle porte ses jupons en triangles ronds, elle glisse doucement ; et si j’ai peur, c’est elle qui me gave d’horizon."
Régine Foloppe in « Qui parle de féeries ?
Belle journée !
dimanche 25 mai 2008
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