Il a plu tout un jour de grisaille et de brume,
Pareil à mon esprit tranquille et résigné
Qui se trouve chez lui sous le ciel déblayé.
Il a plu tout le jour et les vitres s’allument ;
Il a plu tout le jour et ce n’est pas fini...
Avant l’heure, l’après-midi lente s’achève ;
À tant de souvenirs mon cœur s’est rajeuni.
Ô pluie, avec tes fils, que j’ai tissé de rêves !
Ô pluie, avec tes mille et mille gouttes d’eau,
Quels magiques dessins j’ai vus sur les carreaux !
Ô pluie, avec ta voix toujours inapaisée,
Quelle musique d’autrefois j’ai composée !
Ô pluie, en t’écoutant pendant cette journée,
Que tu m’as rappelé de choses !
Dans le port
De la ville pluvieuse de mon enfance,
Les navires jetaient des cris de délivrance
Lorsqu’ils prenaient le large, emportant à leur bord,
Parmi leur cargaison, mon âme désireuse
De soleil, d’Océan et de terres heureuses.
La pluie était semblable à celle d’aujourd’hui ;
Avec sur les pavés ce monotone bruit
Où les passants glissaient comme des ombres vaines ;
Mais le brouillard du soir se perçait de sirènes !
Et puis, dans le jardin, au cœur des étés mous,
Que le parfum de la terre humide était doux !
Jean de La Ville de Mirmont
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