mardi 1 juillet 2008

Chroniques de la mouette chauve 12

Aujourd’hui l’air est si dense d’humidité que même les grenouilles transpirent.
Naturalisée !
Voilà ce qu'elle est aujourd'hui notre mouette perchée !
Il ne faut pas oublier ici la plurisémie (je l'avoue, je viens de faire mon malin, il eût été préférable de dire : plusieurs sens) de certains mots.
Naturalisé peut vouloir dire : Accorder une nationalité à un étranger. (genre : t'as tes papiers ? Oui monsieur l'agent, depuis peu, je viens d'être naturalisé)
ou alors : Empaillé (genre : quel magnifique archéoptéryx ! Est-il vivant ? Non ma chère, il est empaillé !)
Si nous considérons le premier cas, force est bien de constater qu’il est réduit, peut employé – ou alors avec moult précautions – et très facilement convertible en billet simple pour l’Afrique (pays de votre choix) sur grandes lignes.
Le second cas paraît moins aléatoire quoiqu’irrémédiable. Il provoque l’immobilisme permanent – et définitif. Par contre il est une aide précieuse pour camper une attitude digne en toutes circonstances. Exemple : « ce sénateur est digne à tout moment, on dirait qu’il est empaillé ».
Alors que choisir ? Comme notre mouette, nous aspirons tous à être de quelque part, à être naturalisé dans un groupe, une communauté, un pays. Nous cherchons une reconnaissance claire, libre et franche. Notre vie a besoin du regard des autres pour trouver son relief.
Et puis d’un autre côté, nous aspirons à la tranquillité, à l’immobilisme le plus parfait. Comme c’est beau lorsque rien ne bouge ! Empaillé va !
Et si nous avions au seuil de l’été un peu de goût pour ce qui n’est pas fait d’avance, pour ce qui n’est pas coulé dans le béton, pour ce qui vit et respire, bref pour ce qui est en mouvement, ce qui bouge et évolue.
Et cela ne sert à rien de sautiller bêtement sur notre rocher, ou à singer la moule de bouchot en pleine action, dans un cas comme dans l’autre, c’est perdu d’avance.
Inutile aussi d’être aussi sombre qu’un caméléon tombé sur une soutane, la noirceur d’humeur comme d’âme n’a jamais fait rien progresser.
Et hop, c’est là qu’intervient tel Zorro à l’appel du fidèle Bernardo, la bonne citation (celle qui « va bien » selon la terminologie militaire bien connue), elle va aider à trouver une place juste (si on la met en pratique of course !), à nous situer de manière responsable. La voici « sous vos applaudissements » :
« C’est dans une solitude profonde que je trouve la patiente douceur qui doit marquer l’amour que je porte à mes frères. Plus je suis seul, plus j’ai d’affection pour eux. La solitude et le silence m’enseignent à aimer mes frères pour ce qu’ils sont, non pour ce qu’ils disent. Il n’est plus question de leur faire l’insulte d’accepter leur fictions, de croire à l’image d’eux mêmes que leur faiblesse les oblige à composer, dans leurs tristes efforts d’extériorisation. Il est cependant vrai qu’il demeurera toujours un rapport entre les paroles et l’être profond d’un homme. » Thomas Merton in « Le signe de Jonas ».
Dont acte !

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