lundi 14 juillet 2008

La Voix est libre ! Suite...

Comme je ne saurais mieux dire, je vous livre ci après ce commentaire trouvé sur le blog du journaliste Patrice de Plunkett déjà recommandé par nos soins (http://plunkett.hautetfort.com/). Je signe sans réserve.

Ingrid Betancourt (dans "La Vie") : ce qu'elle veut demander à Benoît XVI
...ce sont les questions que se pose l'époque au sujet du catholicisme :

Médias : << Ingrid Betancourt souhaite rencontrer le pape pour pouvoir lui parler de ce qui lui pose problème dans l'Eglise catholique. Le pape Benoît XVI, qui a envoyé un télégramme à la sénatrice franco-colombienne après sa libération, a fait savoir qu'il recevrait l'ex-otage dès que son emploi du temps le lui permettrait.

"Je voudrais parler théologie avec lui. Il y a beaucoup de choses que je voudrais qu'il m'explique", déclare Ingrid Betancourt dans un entretien à l'hebdomadaire La Vie à paraître jeudi. "Par exemple, pourquoi l'Église catholique s'arroge le droit d'excommunier des gens alors que Jésus n'a jamais excommunié personne? J'y ai beaucoup pensé durant ma captivité. Je me sens catholique, mais il y a des choses qui me gênent dans cette religion", ajoute-t-elle.

Très croyante, Ingrid Betancourt s'était confectionnée pendant ses six ans et demi de détention un rosaire avec lequel elle priait tous les jours. Elle avait aussi découvert la lecture de la Bible. "J'ouvrais souvent les Écritures au hasard, notamment lorsque j'étais inquiète ou angoissée, et je tombais sur une parole qui m'était vraiment destinée, qui me rassurait, me donnait envie de continuer à vivre, à croire, à espérer", dit-elle. >>

Commentaire - On verra dans La Vie ce que dit Ingrid Betancourt. L'interprétation qu’en font les agences est néanmoins une double indication :

a) indication de l’attitude de grands médias : la foi les dérange, surtout quand elle vient d’une de leurs héroïnes ; ils sautent donc sur l’occasion de suggérer que ladite héroïne est, en réalité, en désaccord avec l’Eglise.

b) indication de l’existence d’un problème véritable entre les gens d’aujourd’hui (même croyants) et l’Eglise.

- C’est un problème d’explication, de la part du Magistère ;

- et un problème de mise à jour, de la part des « catholiques de base ».

> Problème d’explication : les consciences d’aujourd’hui ont tendance à rejeter tout ce qui est lié à l’Eglise en tant qu’institution (et le cas de « l’excommunication » en est un exemple limite). C'est : 1. parce que l’air du temps rejette toutes les institutions (effet de l’ultralibéralisme dans les esprits : tout ne doit être que libre service individuel); 2. parce que le Magistère explique mal la raison d’être de l’organisme Eglise et de ses modes de régulation interne… qui se sont pourtant beaucoup assouplis depuis Vatican II. Pourquoi ce défaut d’explication ? Question de langage inadapté. Question aussi (mais de moins en moins depuis dix ans) de « mauvaise conscience » de certains milieux ecclésiaux, non encore libérés des faux problèmes des années 1980 et même 1970.

> Problème de mise à jour de notre part, catholiques de base : une partie d’entre nous ont l’impression que l’Eglise devrait cesser d’être une institution, ce qui revient à jeter le bébé avec l’eau du bain. Une autre partie est dans l’erreur inverse : ils s’enferment dans une nostalgie déformante (comme si l’Eglise des temps anciens avait été parfaite) et voudraient « plus de rigueur » (comme si c’était une voie d’avenir). La plupart se contentent de faire confiance : ce qui est louable, mais inefficace s'il faut expliquer aux incroyants pourquoi l’Eglise agit de telle ou telle manière. De quelle manière agit-elle en réalité ? Pourquoi les choses se passent-elles parfois mal ? Comment l'Eglise peut-elle parler avec autorité alors qu'elle est composée de pécheurs ? Pourquoi ne peut-on envisager la vie spirituelle catholique comme une activité de consommateurs ayant tous les droits ? En quoi la foi au Christ est-elle autre chose qu'une projection de nos désirs individuels ? Etc.

Ce sont les perplexités de notre temps. Ingrid Betancourt, dont la foi incandescente n’est pas discutable, les porte aussi en elle. Elle veut en parler à Benoît XVI. Elle a raison. Ayant eu le bonheur de rencontrer cet homme, je peux dire qu’elle sera accueillie à bras ouverts - et qu’elle aura les réponses souhaitées. Je suis sûr qu’elle saura en faire profiter tout le monde.


Belle journée !

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