mardi 5 août 2008

Mort d'Alexandre Soljenitsyne

Prix Nobel de littérature en 1970, l'homme au long visage de prophète s'est éteint dimanche soir à l'âge de 89 ans à son domicile de Moscou.

Plus qu'un grand écrivain, Soljenitsyne était une légende. «Et malgré tout, il arrive qu'un cri déclenche l'avalanche…», a écrit l'homme au long visage de prophète. Son cri fut entendu dans le monde entier. Et ce cri fut la raison d'être de l'écrivain : témoigner pour les victimes du goulag et dénoncer le communisme comme le mensonge absolu. Sa révolte contre la machine totalitaire, ses incessants coups de boutoir contre la «doctrine unique et vraie» ont fait de ce rescapé des camps de concentration le témoin à charge numéro un des tortionnaires soviétiques. Rien, jamais, ne l'arrêta.

Il fut surtout pour moi l'image du résistant, de celui qui dit non à l'intolérable, quoi qu'il en coûte. Le non inscrit en lettres de feu dans "le pavillon des cancéreux" ou dans "l'archipel du Goulag". Comme le rappelle Jean d'Ormesson : "Sa vie sera comme l'abrégé de tous les drames de notre histoire. Un coup de chance dans ce roman noir : en 1962, Khrouchtchev autorise la publication dans Novy Mir d'Une journée d'Ivan Denissovitch. Les épreuves surtout ne cessent jamais de se multiplier pour lui avec une régularité hallucinante : emprisonnement, exil, cancer, surveillance constante, menaces de toutes sortes, dénonciations successives. On meurt autour de lui, on est assassiné, on se suicide. Aux attaques violentes venues du camp communiste, succédera bientôt la méfiance d'une partie du camp occidental."
Je me souviens encore assez bien d'un jeune collégien qui refermant "le pavillon des cancéreux" (dont la majeure partie lui avait échappé, reconnaissons le) se disait que la liberté était exprimé là, qu'elle était un des biens les plus précieux de l'humanité lorsqu'elle est éclairée d'une conscience droite.
Cet adolescent lui a donné une figure christique à cette liberté, et il ne l'a jamais regretté.
Belle journée !

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