mercredi 20 août 2008

Voir la vie en rose...

Jour de la Saint Bernard, c'est la fête !
A cette occasion, voici un court passage d'un de ses plus grands textes. Bonne dégustation !
"Vous voulez donc apprendre de moi pour quel motif et dans quelle mesure il faut aimer Dieu ? Eh bien, je vous dirai que le motif de notre amour pour Dieu, c'est Dieu lui-même, et que la mesure de cet amour, c'est d'aimer sans mesure. Est-ce assez explicite ? Oui, peut-être, pour un homme intelligent ; mais je dois parler pour les savants et pour les ignorants, et si j'ai dit assez pour les premiers, je dois aussi tenir compte des seconds ; c'est donc pour eux que je vais développer ma pensée, sinon la creuser davantage. Or je dis que nous avons deux motifs d'aimer Dieu pour lui-même ; il n'est rien de plus juste, il n'est rien de plus avantageux. En effet, cette question : Pourquoi devons-nous aimer Dieu, se présente sous deux aspects : Ou l'on demande à quel titre Dieu mérite notre amour, ou bien quel avantage nous trouvons à l'aimer ; je ne vois à cette double question qu'une réponse à faire : Le motif pour lequel nous devons aimer Dieu, c'est Dieu lui-même. Et d'abord si nous nous plaçons au point de vue du mérite, il n'en est pas en Dieu de plus grand que de s'être donné à nous malgré notre indignité ; en effet, que pouvait-il, tout Dieu qu'il est, nous donner qui valût mieux que lui ? Si donc en demandant quel motif nous avons d'aimer Dieu, nous recherchons quel droit il s'est acquis à notre amour, nous trouvons tout d'abord qu'il nous a aimés le premier. Il mérite donc que nous le payions de retour, surtout si nous considérons quel est celui qui aime, quels sont ceux qu'il aime et comment il les aime. Quel est en effet celui qui nous aime ? N'est-ce pas celui à qui tout esprit rend ce témoignage : « Vous êtes mon Dieu et vous n'avez pas besoin de ce qui m'appartient (Ps 15, 2) ? » Et cet amour en Dieu n'est-il pas la vraie charité qui ne cherche point ses intérêts ? Mais à qui s'adresse cet amour gratuit ? L'Apôtre répond: « C'est quand nous étions encore ennemis de Dieu, que nous avons été réconciliés avec lui (Rm 5, 10). »
Dieu nous a aimés d'un amour désintéressé et il nous a aimés tandis que nous étions ses ennemis. Mais de quel amour nous a-t-il aimés ? Saint Jean répond : « Dieu a aimé le monde au point de lui donner son Fils unique (Jn 3, 16). »
Saint Paul continue : « Il n'a point épargné son propre Fils, mais il l'a livré pour nous (Rm 8, 32) ; » et ce Fils dit lui-même, en parlant de lui : « Personne ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jn 15, 13). » Voilà les droits que le Dieu saint, souverainement grand et puissant, s'est acquis à l'amour des hommes pécheurs, infiniment petits et faibles.

Saint Bernard de Clairvaux in TRAITÉ SUR L'AMOUR DE DIEU, chapitre 1.

Belle journée !

Aucun commentaire: