Le pape et le péché de l'Église
Pour son deuxième voyage à l’étranger, depuis la révélation d’affaires de pédophilie dans plusieurs pays, les paroles du pape Benoît XVI, on le savait, seraient scrutées à la loupe, notamment les propos qu’il tiendrait dans l’avion au cours de la conférence de presse traditionnelle, moins « lissée » que les discours officiels prononcés au cours de la visite.
Était attendue la « petite phrase » qui, en boucle, tournerait dans les médias. Le pape s’est livré à l’exercice, sans se dérober.
Sur la pédophilie, il a, une nouvelle fois, parlé net. Non seulement sur la gravité des faits, mais sur la responsabilité de l’Église. Surtout, il a récusé la théorie du complot, souvent suggérée pour expliquer les raisons de la tempête. « La plus grande persécution contre l’Église, a-t-il expliqué, ne vient pas d’ennemis extérieurs, mais de l’intérieur » ; elle « naît du péché de l’Église ». Nous l’avons constaté de façon « terrifiante », a-t-il précisé : la force du mot souligne le choc éprouvé devant la faute de certains de ses prêtres et de ceux qui les ont protégés ; même s’il sait bien aussi, et il l’a souligné, que des forces du bien sont à l’œuvre au sein de cette Église pécheresse. Et pour que le message, encore, soit sans ambiguïté, il a rappelé fermement : pour les victimes des crimes de pédophilie, il faut que la justice passe. « Le pardon ne remplace pas la justice. »
La crise économique, autre thème grave au menu de la visite pastorale de Benoît XVI dans un des pays européens les plus touchés. Il a plaidé, comme il l’avait fait dans son encyclique Caritas in veritate, pour que l’économie ne fasse pas abstraction de la « réalité de l’homme » et insisté sur la nécessité de mettre de l’éthique dans les mécanismes économiques. Peut-être, a-t-il déploré, la foi chrétienne, vécue sur un mode trop individualiste, ne s’est-elle pas assez investie sur les questions économiques et sociales qui « impliquent une responsabilité de tous ».
La force d’une conviction, et la reconnaissance des faiblesses de l’institution qui la défend : une manière d’humaniser l’enseignement de l’Église et, peut-être, de le rendre plus accessible.
Dominique Quinio
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