Voici la suite de la méditation autour d'Ac 2, 42... Est abordé ce jour la question de la prière comme dynamisme structurant la communauté ecclésiale.
Prier les uns pour les autres était un autre aspect de cette communion vécue dans les premières communautés chrétiennes, et les lettres de Paul témoignent de sa prière constante pour les communautés qu’il avait fondées. Quelles formes cela prenait il ? Comme ces premiers disciples de Jésus n’avaient pas cessé d’être juifs, ils continuèrent à dire les prières qu’ils connaissaient déjà, et les nouvelles furent élaborées en fonction des modèles juifs. Ac 2, 42 doit certainement inclure parmi celles ci les hymnes du récit de l’enfance du Christ en St Luc (Je vous salue Marie et Magnificat). Progressivement, la prière chrétienne se concentra sur le rappel et la louange de ce que Jésus avait fait, manifestant une prise de distance croissante.
Dans l’Évangile, Jésus est présenté comme le Maître auquel ses disciples demandent “Apprends nous à prier, ainsi que Jean l’a appris à ses disciples” Lc 11, 1. Jésus ne semble pas d’abord préoccupé par l’idée que ses disciples ne prieraient pas ou pas assez. Son souci est plutôt d’éviter qu’ils prient mal, en accumulant les formules toutes faites, en faisant de leur prières un actes démonstratif accomplis pour se mettre en valeur. “Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment pour faire leur prières, à se camper dans les synagogues et les carrefours afin qu’on les voie. En vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense.” Mt 6, 5
Contre cela, Jésus leur propose
- Une prière plus intérieure : “pour toi, quant tu pries, retire toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra.” Mt 6 ,6
- Une prière habitée par une inlassable confiance : "Et tout ce que vous demanderez dans une prière pleine de foi, vous l’obtiendrez.” Mt 21 , 22
- Une prière portée par un amour qui déborde le cadre strict de leurs intérêts immédiats : “Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.” Lc 6, 28
Mais, que ses contemporains et ses disciples prient, voilà qui semble être pour Jésus un fait acquis. Cette évidence est aujourd’hui perdue.
Il y a donc, et nous en sommes, des gens qui prient, seuls ou en communauté, avec les mots reçus de la Tradition la plus ancienne, ou avec leus mots de tous les jours, comme ils l’ont appris d’une tradition plus récente.
Ainsi prier n’est pas pour eux un geste instinctif, ils y ont été initiés. Peu à peu, à l’invitation de la communauté Église, ils ont appris à reprendre à leur compte ces mots de leur tradition qui sont les mots de la prière :
- "Dieu vins à mon aide, Seigneur à notre secours"
- "Seigneur prends pitié"
- "Bénis le Seigneur ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits"
Prier c’est se laisser porter par une attente.
L’invitation à prier résonne là comme une invitation à la confiance. Elle dit à l’homme qu’il n’et pas seul. Les croyants dont la tradition conserve les prières ont laissé monter vers Dieu les désirs et les craintes de leur coeur. A la face de Dieu, ils ont trouvé la ressource de dire oui à la vie quand elle touche à ses limites, quand elle s’échappe et paraît sombrer. Pour vivre, agir en homme, il faut parler, il faut dire sa vie. Raconter sa vie n’est pas le plus simple, se confier en vérité ne va pas de soi. Accepter d’entrer en prière, c’est d’abord accepter de dire sa vie, c’est sortir de leur silence les émotions secrêtes, les souffrances et les blessures qui nous écrasaient. Prier, c’est un appel à parler, c’est laisser venir à la parole ses désirs les plus profonds. Se tourner vers Dieu dans ce contexte, c’est l’inviter, lui faire une place dans l’intimité de nos vies.
“Ils étaient assidus aux prières...”
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