samedi 26 juin 2010

Etre en communion...

La grande fréquence du mot communion dans le Nouveau Testament montre bien que les croyants ressentaient fortement qu’ils avaient beaucoup en commun. En grec, cela se dirait “Koinonia”. La traduction la plus littérale est soit “communion”, c’est à dire l’esprit qui unit les croyants, soit “communauté”, c’est à dire le regroupement produit par cet esprit. Un aspect important décrit dans les Actes est le partage volontaire des biens entre les membres de la communauté. Paul parle aussi des “pauvres chrétiens pour lesquels il quête" (Rm 15, 26 / Ga 2, 10). La disponibilité de ceux des Églises lointaines à partager une partie de leurs biens avec ceux de Jérusalem était pour Paul une preuve tangible de cet esprit de communion reliant les chrétiens entre eux. Pour Paul, on aurait démenti la notion même de l’unique Seigneur et de l’unique Esprit si la communion entre les Églises avait été rompue.
Un des mouvements de la vie spirituelle consiste en la conversion de l’hostilité en hospitalité. C’est ainsi que nos propres questionnements peuvent nous conduire à l’ouverture aux autres. Dans un monde où on se connaît de moins en moins, dans des communautés chrétiennes qui souffrent du même déficit de proximité, il est capital de réexplorer ce domaine. Au nom du baptême reçu, nous sommes appelés à créer un espace de liberté et de paix où la fraternité et l’amitié peuvent naître et se vivre pleinement. Quand la veuve de Sarepta offre un repas et un lit à Elie, celui ci manifeste sa qualité d’envoyé de Dieu et lui assure l’huile et la farine en abondance, rappelant même son fils à la vie (1R 17, 9 - 14). Lorsque l’hostilité fait place à l’hospitalité, les étrangers inquiétants deviennent des invités qui révèlent à ceux qui les reçoivent la promesse qu’ils portent en eux. Les récits bibliques nous aident ainsi à prendre conscience que l’hospitalité est non seulement une grande vertu, mais que c’est en vivant l’hospitalité que celui qui accueille et celui qui est accueilli peuvent révéler ce qu’ils ont de plus précieux.
Pas besoin de grands discours pour constater combien l’hostilité, souvent mêlée de peur et même d’angoisse, nous empêche d’inviter les autres dans notre univers, dans nos communautés. Car il ne s’agit pas là de la création de petits clubs où tous seraient semblables, mais de la construction du Corps du Christ dans toute sa diversité.
Avec les plus petits de ses enfants, l’Église n’est pas au clair. Elle afirme qu’ils sont les préférés de Dieu et en 2000 ans, elle a fait des choses admirables pour soulager les détresses de tous ordres. Mais mettre les pauvres au coeur de l’assemblée, à une place où ils pouraient commander une manière d’être de toute l’Église, c’est une autre affaire ! Car ceux qui ne sont pas pauvres, acceptent mal de quitter le coeur de l’assemblée et le pouvoir d’en inspirer la manière d’être.
Pour qu’il en aille autrement, il faudrait reconnaître et inscrire dans les faits que le pluralisme construit l’unité si l’on met en situation de se parler ceux qui pensent et sont situés différement, si l’on place ce dialogue en confrontation avec la Parole de Dieu.
“Ils étaient assidus à la communion fraternelle...”
Belle journée !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je trouve que vos écrits et la prière de Charles de Foucauld dénotent chez vous une souffrance ? .... que vous ne partagez guère mais que l'on devine, en cherchant dans la foi un grand abandon à Dieu. et une persuasion. En toute amitié et en union de prières. (Pied de chou.)

BL a dit…

c'est toujours risqué les hypothèses...
et la foi n'est pas un placebo...
Il faudra m'expliquer en quoi parler de communion révèle une souffrance. Si j'avais su j'aurai évoqué la mer - mais peut être en aurait on déduit que le ventre maternel me manquait !

Anonyme a dit…

Ça sent le souffre* ici. Ouvrez les fenêtres sur la mer!
R.
* sic

Anonyme a dit…

Parler de communion oui! de ceux qui devraient donner pour le partage avec les plus pauvres? oui! Mais curieusement on se rend compte que finalement c'est toujours les mêmes qui demandent l'obole en estimant qu'il est normal de la recevoir, mais qui jamais ne la donne!