mercredi 16 juin 2010

Strike !

On pourrait croire que tout est plus simple aujourd'hui. Communications rapides, information instantanée, vie rallongée. Que nenni !
Essayez donc de décrire exhaustivement le sentiment amoureux, ou le goût d'un vin fin, ou l'émoi devant le spectacle de la nature...
Comment dès lors communiquer la complexité ?
Comment transmettre et partager, d'un bloc, ce qui est rétif à se laisser décortiquer par notre cerveau gauche ?

Ce qui est vivant n'est jamais démontable : la vie n'est jamais mécanique et ne peut jamais se ramener à une collection de rouages inertes.
La vie est mouvements inextricables. La vie est complexité d'abord. François Mauriac a vu ce phénomène traverser sa vie - et donc son oeuvre - et nous pouvons avec lui pointer cette incommunicabilité des sentiments les plus forts, des émotions les plus denses. Le silence seul peut alors arriver à exprimer l'inexprimable.
Nous pouvons user de métaphores afin de décrire nos perceptions ; et nous dirons alors : "notre groupe fonctionne comme un voilier hauturier, comme un de ces clippers qui faisaient la course du thé de l'Inde à l'Angleterre". A ce moment là, je dis d'un bloc des milliards de choses sur la solidarité et les compétences de l'équipage, sur la confiance mutuelle entre le skipper qui dort et l'équipe de quart, sur la nécessaire efficacité de tous pour que la cargaison soit livrée à temps et en bon état (le thé moisit, my Lord, une véritable horreur !), sur l'océan dangereux, les tempêtes et les orages, sur les lames de fond qu'il faut savoir anticiper, sur les manœuvres délicates qui requièrent l'effort et la vigilance de tous, etc …
Et lorsque raisonner n'est plus possible ou efficient, apprenons à résonner.
Osons enfin donner la parole aussi à l'autre moitié de nous-mêmes.
Belle journée !

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