lundi 29 novembre 2010

Entre Naples et Assise...

Roman terminé, journée transfigurée !
Je viens d'arriver à la dernière page de "Le miracle de San Gennaro" de Sandor Marai avec le sentiment qu'il ne va être si facile de se défaire de l'atmosphère de l'ouvrage pas plus que des personnages.
Situé à Naples en 1949, le roman décrit avec tendresse et humour le petit peuple du Pausilippe. On y croise un marchand de cacahuètes aux techniques commerciales très réduites, une famille fêtant le retour d'un de ses membres en provenance des States, un père et son fils handicapé... Au milieu des ces personnages hauts en couleurs, un couple, discret, dont on ne sait pas grand chose évolue dans un halo de grisaille. Sans le vouloir, l'homme joue le rôle d'un messie voulant sauver le monde au coeur d'une ville où chaque année se liquéfie la sang de Saint Janvier (les pages relatant le miracle sont savoureuses !), et où le "sensationnel religieux" capte toutes les attentions.
Un jour, cet homme est retrouvé mort au pied d'une falaise. Suicide ou accident ? (Sandor Marai s'est donné la mort en 1989, en Californie où il s'était exilé en 1948)
A travers l’enquête du vice-questeur et les récits de ceux qui côtoyaient le disparu (sa femme, un franciscain, un agent de police), se dégage un portrait complexe et paradoxal de ce réfugié dont la question centrale était "est ce qu'un homme peut sauver le monde ?" La figure de St François d'Assise vient éclairer cette question devient méditation sur la religion, le communisme, l'Europe… et l'exil. Le tourment de l'auteur chassé de chez lui exsude de toutes les pages. Etre en exil sur cette terre, se sentir apatride là où on se trouve font que «ces personnes déplacées sont les prophètes tourmentés d'une civilisation en perdition…»
A découvrir d'urgence !
Belle journée !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Grands esprits!
Je suis à lire "Les braises" de ce même Marai.
Une atmosphère à la Banffy.
R.

BL a dit…

Très beau roman aussi...