Jacqueline de Romilly vient de mourir. Philologue, spécialiste par antonomase de la pensée et de la culture de la Grèce Antique, elle fut la seconde femme à entrer à l'Académie Française.
Traductrice de Thucydide, elle avait le soucis d'enraciner la culture au coeur du quotidien avec grande simplicité (je me rappelle avoir dévoré avec gourmandise son "Trésor des savoir oubliés"). Le manque d'attrait pour ce qui n'était pas de l'ordre de la perception immédiate la désolait. La fameuse "culture générale" se fait rare. Ainsi elle confiait : «On veut que les enfants sachent ce qui se passe autour d'eux. Mais quelle merveille de découvrir un monde autre pendant une heure.
Pourquoi tirerait-on davantage d'une rencontre avec n'importe qui que d'un tête-à-tête avec Andromaque ou Hector ?»
"Je n'y vois plus, j'entends très mal, ma mémoire connaît des fléchissements et j'ai eu du mal à écrire ce livre, mais je voulais le faire justement parce qu'arrivée à la fin de ma vie ce qui a été l'objet de mon travail me paraît plus précieux que jamais : le lumineux mérite de la pensée grecque est d'avoir eu le désir passionné de dominer une situation menacée par des dieux inégalement bienveillants avec les hommes et par les périls que suscite leur propre nature, capable à chaque instant de tout faire échouer, pour se vouer à un idéal supérieur (...) durable et beau", écrivait Jacqueline de Romilly dans son ultime essai "La grandeur de l'homme au siècle de Périclès" (de Fallois, 2010).
"Je regrette que l'on n'oeuvre pas suffisamment pour ce qui développe la formation de l'esprit par la culture, par les textes et l'intimité avec les grands auteurs, perdant ainsi un contact précieux avec ce que les autres ont pensé avant nous".
Jacqueline de Romilly s'est convertie au catholicisme en 2008, à quatre-vingt-quinze ans.
1 commentaire:
Cette grande dame a été baptisée en 1940 et à 95 ans a communié et a été confirmée. C'était grand temps a-t-elle dit.
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