Il neigeait...
Et je n'étais pas sur une morne plaine.
Prenant ma voiture afin d'aller en Creuse (St Sulpice les Feuilles) célébrer la messe de la nuit, je me suis demandé l'espace d'un instant si ce n'était pas folie et puis basta ! Foin des craintes et fonçons à travers le blizzard !
Flocons en rafales et lenteurs automobiles sur l'autoroute. Je ne serai jamais à l'heure ! Heureusement j'avais avec moi un puissant anti-stress en la personne de François Mauriac (dont les entretiens avec Jean Amrouche viennent d'être réédités en coffret de trois CD). L'enfance, l'oeuvre, les personnages de l'écrivains m'ont ainsi accompagné jusqu'à la crèche. Mauriac se penche avec justesse sur notre condition d'homme tout à la fois blessé et habité par la Grâce, il était juste que sa voix - bien que brisée me conduise sur la neige au lieu où Dieu visite la terre et épouse la condition humaine.
Arrivée. Ouf ! Quinze minutes avant la messe. Eglise presque pleine. Il fait froid mais beaucoup de chaleur. Sur une échelle double, un paroissien fini d'allumer les bougies du lustre central (et on ne fait pas de mauvais esprit, il y avait aussi un éclairage électrique !). Au fond de l'église, les enfants finissent de se regrouper pour la procession d'entrée. Il y a des anges aux ailes multicolores - papillons d'un soir, les personnages de la crèche (avec une mention spéciale pour un roi mage à la parure digne d'un marahadja) qui se poseront au premier rang (la première fois que je pouvais voir un agneau, le boeuf et l'âne assister à la messe !).
Et puis, hop, procession d'entrée. Visite à la crèche avant la liturgie de la Parole. C'est qu'il s’agit de vivre Noël sous l’angle d’une naissance qui nous concerne. Cet enfant sur la paille de la crèche n’est pas seulement Dieu naissant parmi les hommes – c’est déjà assez extraordinaire – c’est aussi Dieu nous faisant naître à nous même. Car c’est de notre naissance dont il s’agit.
Je me ré-entends dire : "Vous tous qui vous êtes rassemblés ce soir pour fêter la venue de Jésus au monde, reprenez courage, accueillez-le chez vous, il vous donnera sa vie si vous lui partagez la vôtre, il vous conduira sur le chemin de la paix en vous-mêmes, entre vous et au-delà, dans le monde entier. Pour cela, il part de notre vie dans toute son humilité. C’est pourquoi, il faut garder ce qui a été vécu comme une espérance."
Après la messe, chacun s'attarde malgré le temps peu clément et le froid persistant. J'ai du mal à me décider à partir - je ne suis pas d'ici et une grosse heure de route me sépare de mon chez moi. Un chocolat chaud à la sacristie et me voilà rentrant - toujours avec Mauriac - par une autoroute à présent dégagée.
Il y avait beaucoup d'étoiles cette nuit là...
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