Il est clair que tout ce qu’il y a de faible en Dieu, ne lui appartient pas en propre, mais vient de nous. C'est à nous qu'il a emprunté ce qu'il a supporté pour nous : naître, s'allaiter, mourir, être enseveli. Mienne est la condition mortelle où il naît, mienne sa faiblesse de petit enfant, mien son dernier soupir de crucifié, mien le sommeil de son ensevelissement. Mais toutes ces choses anciennes ont passé; car voici, tout est devenu nouveau.
Alors, femme, pourquoi le cherchais-tu dans le cadre de ce qui fait ta condition, lui qui maintenant a retrouvé la condition qui lui est propre ? Le Fils de l'homme n’est-il pas monté là où il était auparavant ? N'a-t-il pas maintenant échangé pour le ciel le tombeau et la crèche ? Il est ressuscité, il n'est pas ici. Pourquoi chercher dans le sépulcre, dans l’étable, le Fort, le Grand, le Glorifié ? Il est entré dans la puissance du Seigneur, il s'est revêtu d'éclat et de force. Et voici qu’il siège au-dessus des chérubins, celui qui gisait sous la pierre. Il ne gît plus, il siège. Et toi, tu fais des préparatifs comme pour un gisant ? Mais pour être plus fidèle à la vérité, disons qu'il est assis pour juger ou debout pour porter secours.
Et vous, saintes femmes, je vous le demande : pour qui montez-vous ainsi la garde ? Pour qui apprêtez-vous des aromates, préparez-vous des onguents ? Si vous le connaissiez tel qu’il est, et comme ce mort que vous allez oindre et libre parmi les morts, c'est sans doute vous qui lui demanderiez de vous oindre. N'est-il pas celui que “Dieu a oint d'une huile d'allégresse de préférence à tous ses rivaux” ? Heureuses serez-vous, si vous pouvez, à votre tour, vous glorifier en disant : “De sa plénitude, nous avons reçu, nous aussi”.
Et c'est bien ce qui s'est produit : elles reviennent embaumées, celles qui étaient venues pour embaumer Jésus. Ne sont-elles pas embaumées par la joyeuse annonce de la résurrection toute neuve et odoriférante ? “Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui portent la bonne nouvelle de la paix, la bonne nouvelle du bonheur !”. Envoyées par l'ange, ces femmes font oeuvre d'évangélistes, et sont devenues les apôtres des apôtres, alors qu'elles se hâtent pour leur annoncer dès l'aube la miséricorde du Seigneur. Elles disent : “Nous avons couru à l’odeur de tes parfums” !
Et quand, par la suite, Pierre et Jean sont venus, eux aussi, chercher le Seigneur au sépulcre, ils ne l'ont pas trouvé. C'est que, pour aller au Père, cette chair qui n'était pas du Père s'est d'abord dépouillée de toute faiblesse par la gloire de la résurrection ; elle s’est ceinte de puissance et s’est revêtue de lumière comme d’un vêtement. Car c'est dans cette gloire et cette beauté qu'elle devait être présentée aux regards du Père.
St Bernard
In Cant., S. 75, 7-8
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