mercredi 12 mai 2010

Hors la Loi !

Les mythes ont la vie dure, et longue.
Aujourd'hui sort le tout nouveau Robin des Bois, dernier opus de Ridley Scott. En voyant l'affiche, je me prends à penser que la figure du héros a subi une évolution certaine au cours des films successifs. L'image évolue, se peaufine, se masculinise. Prenons trois (ou quatre) exemples au vol. Suivez la flèche (suis je drôle tout de même !).
Si l'on considère la version la plus connue (un classique de 1938 dirait-on à présent où la plus ridicule parcelle de culture passe pour quasi miraculeuse) donnée par par Michael Curtiz et William Keighley sur un scénario inspiré de la légende de Robin des Bois,
on y voit évoluer un Errol Flynn dont les caractéristiques principales n'étaient pas celles d'homme des bois. Tout juste si on ne sent pas l'eau de toilette... Le héros semblait plus préoccupé de ne pas se filer un de ces célèbres collants verts dans les fourrés de Sherwood. Une actrice au physique distingué lui donnait la réplique : Olivia de Havilland (à la fragilité de porcelaine fine). Robin des Bois est opposé à trois adversaires dans le film : le Prince Jean, Sire Guy de Gisbourne et le Shérif de Nottingham. Sire Guy de Gisbourne est interprété par Basil Rathbone, un acteur reconnu de la scène américaine. Au cinéma il a fait sa réputation en jouant soit les héros, soit les bandits. Jamais rien entre les deux. Son interprétation permet une confrontation aussi bien d'esprit que d'épée avec Robin.
Claude Rains joue le Prince Jean dont le but est de s'emparer de la couronne d'Angleterre sans se salir les mains. Pour interpréter le prince, Rains s'est dit qu'il "serait un rien faible", faisant de lui l'opposé de Sire Guy de Gisbourne. Son jeu est des plus fins, mêlant « connivence et infamie tout en restant charmant ».
C'est Melville Cooper qui joue le Shérif et qui complète le trio de méchants en y étant le comique.

Nous pouvons faire un rapide crochet dans les studios Disney où Robin est incarné par un renard à l'oeil pétillant (et Lady Marianne sous les traits d'une renarde, il ne faut pas mélanger les genres et les espèces ! Robin des Bois est le 27e long-métrage d'animation et le 21e « Classique d'animation » des studios Disney. Sorti en 1973, il s'inspire en même temps de la légende du voleur-justicier anglais et du Roman de Renart, un recueil de récits médiévaux français des XIIe et XIIIe siècles.
Ce film avait été initié par Walt Disney peu avant sa mort en 1966, même s'il n'en avait choisi que le thème.

Troisième Robin en 1991 avec "Le prince des Voleurs" avec Kevin Costner.
L'action se situe en 1193 durant la captivité en Autriche du roi d'Angleterre Richard Coeur de Lion qui revenait de la troisième croisade. Fuyant les prisons de Jérusalem, Robin de Locksley et son compagnon de croisade, Azeem, regagnent l'Angleterre. Ils se heurtent au sherif de Nottingham, qui tyrannise la région en usurpant le pouvoir royal et rêve d'épouser la belle Marianne. Robin se retranche dans la forêt et organise la résistance à l'imposteur... Il faut bien avouer que du chemin a été franchi depuis 1938. Le look s'est virilisé, le frêle collant s'est mué en braies solides, des clous et du cuir sont apparus sur la veste et il faut bien avouer que nous n'en sommes plus à prendre du thé dans une clairière mais bien dans la crasse et la sueur des luttes contre l'oppresseur.
Et Lady Marianne n'en est plus à minauder, elle s'assume que diable, une vraie femme libérée, responsable de son destin !

Dernier passage avec le Robin nouveau, juste sorti du bois, et interprété par Russel Crowe. Enfin un homme un vrai ! Pas une chochotte de pacotille qui s'attarde à vivre l'amour courtois. On sent bien qu'on a un peu perdu en finesse mais le temps est précieux, ce n'est pas le moment de le gâcher en causerie sur l'amour et ses conséquences. De l'action. Lady Marianne n'a qu'a bien se tenir pour suivre le mouvement !
C'est pas le moment de se pomponner derrière un chêne avant la chevauchée fantastique ! Elle a le regard sombre et mystérieux d'une Antigone à qui il ne faut pas en compter et qui ne souhaite que modérément se sacrifier à la raison d'état et au bon vouloir du guerrier et du repos afférent. Fugit irreparabile tempus... On nous change tout ma bonne dame...
Même Robin des Bois ! Dingue !

Le mieux est d'aller vous faire une idée le plus vite possible... Comme il n'est plus l'heure, Mesdames, de soupirer après des Eroll Flynn de rencontre, autant vous faire aux nouveaux looks des héros modernes : du muscle, du sang, et peu de larmes !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Chapeau, robin des villes pour cette chronique cinéma de haute volée.
Au train où on avance, le prochain verra Robin en ménage avec Petitjean, bénis par frère Tuck, et Maid Marianne en mère célibataire, le prince Jean avec un badge UMP, Richard coeur de Lion, joué par Denzel Washington.
Mais le meilleur pastiche de Robin Hood reste "Le bouffon du Roi" avec Danny Kaye. Je le recommande à tous nos jeunes lecteurs. Pour tout public sans réserves. Remboursé si insatisfait.
R.