mardi 29 juin 2010

Assidus à la fraction du pain...

Troisième volet de la méditation à partir d'Ac 2, 42. Bonne lecture.

Les Actes nous montrent des premiers chrétiens, comme Pierre ou Jean, se rendant fréquemment, voire quotidiennement, au Temple pour prier aux heures prescrites (2, 46 / 3, 1 / 5, 12). Cela implique que les premiers juifs qui croyaient en Jésus ne vécurent aucune rupture dans leur shéma cultuel ordinaire. La “fraction du pain” dut venir alors en plus - et non à la place - des sacrifices et du culte d’Israël. En 2, 46, on peut noter : “Unanimes, ils se rendaient chaque jour assiduement au Temple ; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de coeur.”
Ce pain et ce vin que nous chargeons de nos joies et de nos peines, de nos angoisses et de nos solidités, de nos peurs et de notre espérance, ce pain et ce vin deviennent Corps et Sang de Jésus Christ.
Il y a donc un va et vient à faire dans notre vie chrétienne entre la célébration eucharistique et la vie quotidienne, entre tous les événements qui peuvent émailler la vie de chaque jour, qu’ils soient tristes, douloureux, joyeux, constructifs ou non et la célébration eucharistique. L’un ne va pas sans l’autre. La célébration n’est plénière que si j’y introduis toute ma vie d’homme. Cette vie ne devient chrétienne que si, par l’Esprit Saint, je continue à vivre ce qu’à fait Jésus, mourant donnant sa vie, ressuscitant et manifestant la victoire de l’amour.
Lorsque Jésus entre dans la maison de ses disciples, celle - ci devient la sienne. L’invité devient l’hôte. C’est au tour de l’invité de faire des invitations. Les deux disciples qui ont eut assez confiance en lui pour le faire entrer dans leur intimité, sont amenés à entrer dans la vie intérieure de leur hôte. Il s’agit là vous l’avez reconnu, du passage des disciples d’Emmaüs en Lc 24, 13 - 35. “Or quand il se fût mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna.” Lc 24, 30. C’est un geste si simple, si ordinaire, si évident, mais pourtant si différent ! Que peut on faire d’autre lorsqu’on partage du pain avec des amis ? Rien de nouveau, rien d’étonnant. Cela fait partie de l’essence même de la vie. Peut - être avons nous oublié que l’eucharistie est un geste humain bien ordinaire. Les vêtements liturgiques, les cierges, les gros missels, les gestes... rien ne nous semble très simple, très ordinaire. Mais rien n’est supposé être différent de ce qui s’est passé dans ce petit village entre ces trois amis. Il y a du pain sur la table, il y a du vin à côté. Le pain est pris, béni, rompu et partagé ; le vin est pris, béni et partagé. C’est ce qui survient autour de chaque table qui se veut être table de paix.
L’eucharistie est le geste le plus simple et le plus divin qui soit. C’est Jésus qui se révèle vraiment, si humain et pourtant si divin, si familier et pourtant si mystérieux, si près et pourtant si révélateur.
Nous connaissons tous ce désir de donner à la table le meilleur de nous - même. Nous disons : “Mangez et buvez, j'ai préparé ce repas pour vous. Prenez - en davantage, c'est là pour que vous vous régaliez, pour vous donner des forces, pour que vous sentiez combien je vous aime.” Ce que nous voulons, au fond, c'est beaucoup plus que de donner a manger, c'est donner un peu de nous - même. Nous souhaitons la bienvenue et encourageons nos amis à manger à notre table, et nous voulons ajouter : “Sois mon ami, sois mon compagnon, sois une personne que j'aime, fais partie de ma vie, je veux me donner à toi.”
Dans l'eucharistie, Jésus donne tout ce qu’il possède. Le pain n'est pas uniquement un signe de son désir de devenir notre nourriture, la coupe n’est pas seulement un signe de sa volonté de devenir notre breuvage. Le pain et le vin deviennent son corps et son sang par le don. Le pain est réellement son corps livré pour nous ; le vin est son sang versé pour nous.
Le mot qui décrit le mieux ce mystère du don total de Dieu qui se donne lui - même par amour est le mot de “communion”. Il exprime, que, dans et par Jésus, Dieu veut non seulement nous enseigner, nous instruire ou nous inspirer, mais devenir un avec nous. Dieu veut s’unir complètement à nous pour que tout son être et tout le nôtre puissent être lié dans un éternel amour. La longue histoire de la relation entre Dieu et l’humanité est une communion qui devient de plus en plus intime. Ce n’est pas seulement une histoire d’unité, de séparations et d’unité retrouvée, mais une histoire pendant laquelle Dieu cherche sans cesse de nouvelles façons de communier intimement avec ceux et celles qu’il a créés à son image.
“Ils étaient assidus à la fraction du pain...”

Aucun commentaire: